PLU Remarques/Centralité

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Introduction, préliminaires

Quelques chiffres et données importants (surfaces & pourcentages)

Quelques chiffres, quelques mesures, sont nécessaires pour quantifier les enjeux.
Le ban communal d'Entrepierres fait plus de 4842 hectares. Il faut pas loin de 45 minutes pour aller de Saint Puy aux Naux. C'est dire si Entrepierres est une commune étendue.
Sauf erreur (?), l'intégralité du ban communal d'Entrepierres est soumis à la loi montagne (http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_montagne).

Les terres agricoles représentent environ 861 hectares, soit une part tout à fait significative (18%) du ban communal.
On rappelle ce chiffre concernant l'agriculture, car :

  • l'agriculture est un enjeu important et donc que, à ce titre, elle intervient bien sûr dans l'élaboration du projet de PLU.
  • avec une part de 18% des terres communales agricoles, cette activité est forcément constamment impliquée dans l'évolution de la commune. Il ne peut (physiquement) pas en être autrement.

Les 861 hectares de terres agricoles d'Entrepierres ne sont cependant pas un chiffre intangible, puisqu'on note que, sauf erreur, entre 2007 et 2012, l'emprise agricole a bougé d'une vingtaine d'hectares (soit 2.5%). 18.6 hectares de zones agricoles "ont été reclassées en zone naturelle car plus exploitées" et 20.7 hectares de zone naturelle transformées en zone agricole.
Il y a donc, à la fois des zones agricoles qui sont "plus exploitées" (page 152), (rendues à la nature ou autre ?), mais aussi, bonne nouvelle, des zones naturelles qu'on réussit à (re)transformer en zones agricoles.
(20 hectares / 861 hectares = 2.3%).

NB : Une part significative du ban d'Entrepierres est constituée de friches qui sont en fait d'anciennes (~1970) terres cultivées (vignes, etc). Par exemple, une bonne partie du versant SUD-EST de la montagne de Saint-Michel partie basse, au-dessus des habitations actuelles, dont les anciens chemins d'accès restent d'ailleurs visibles, et sont parfois encore utilisés. Il n'y a donc rien de surprenant à pouvoir retransformer deci delà certaines de ces zones abandonnées en zones agricoles. (Et cette réserve est heureusement loin d'être épuisée).




Par ailleurs, les zones naturelles représentent 80% du ban communal.
En tout, le ban communal est composé à 98% d'espaces naturels et agricoles (4786 ha - page 8 PLU PADD)
Les zones d'habitations représentent le reste, soit moins de 2% du ban communal (moins de 100 ha). Ces précisions pour quand même situer un peu les ordres de grandeurs.
Entrepierres n'a rien à voir avec des communes urbanisées à 90% où il reste 10% de non-urbanisé. Il faut bien sûr rester vigilant, mais appliquer aveuglément à Entrepierres les mêmes raisonnements qu'à une commune urbaine n'aurait pas de sens.

Analyse du projet, pages/sujets notables

PLU Rapport de présentation :
p 9 : "privilégier le dialogue" ...
p 9 : "accroissement excessif des déplacements rendus possibles par l'automobile"
p 9 : "intégrer le citoyen tout au long de la réflexion" ... tout au long !!
p 17 : "maitrise de l'urbanisation en zone montagne"
p 33 : "63% des actifs travaillent ailleurs"
p 49 : "l'automobile ..."
p 137 : "Chap. V - Perspectives d'évolution en l'absence de PLU" un chapitre croustillant !
p 137 : "en l'absence de PLU ... diminution de la fréquentation des équipements publics implantés"
p 138 : "en l'absence de PLU ... hausse des coûts d'équipements importants (voirie)..."
p 138 : "en l'absence de PLU ... hausse des déplacements motorisés"

p 138 : centralité
p 138 : "logement diversifié ... inégalités sociales accrues"
p 142 : "maitriser la croissance démographique".
p 152 : agriculture
p 154 : "trafic routier"
p 160 : "réduire l'usage de la voiture"
p 160 : "soutenir le développement et la diversification des activités économiques"
p 160 : "soutenir l'activité du hameau de la mairie"
p 161 : "réfléchir à la mise en place d'une politique de déplacement allant dans le sens du développement durable"
p 165 : "organiser et sécuriser les déplacements interquartiers"
p : "etc etc"


ça en fait des choses à éviter et des choses à favoriser !
On va examiner plus loin si, oui ou non, le projet de PLU satisfait effectivement à toutes ces louables intentions.


Problématique zonage & centralité

Rappel historique (schématique)

1/ Historiquement, la majorité des terres situées autour de la mairie-école sont des terres agricoles.
Une fois la mairie-école implantée en son lieu actuel (pour mémoire, il s'agit en son temps ~1970, d'une proposition "qu'on ne refuse pas" de la préfecture), des habitations se sont peu à peu également implantées, également sur des terres précédemment agricoles.
Un début de centralité, d'agrégation, plus ou moins spontané, a commencé à s'esquisser, sur les flancs OUEST et EST de la mairie-école. Des équipements collectifs un peu conséquents (les seuls de la commune, encore actuellement) se sont également installés à coté de la mairie-école.
Récemment, la nouvelle école et le parking ont entamé une extension, assez logique, au SUD.

2/ On peut parfaitement légitimement s'interroger sur la pertinence de la fusion des 3 communes d'Entrepierres, Mézien et Vilhosc. (Fusion Entrepierres-Vilhosc = 1983 : http://www.locom.org/loc_anc21.htm). (Qu'il s'agisse de la fusion elle-même (en fait des fusions successives) ou de l'implantation de la mairie-école, il s'agit largement d'un processus guidé / imposé par l'état, plus que d'un élan spontané).
Il est cependant évident que, une fois cette fusion entérinée, cela a créé, matériellement, un centre de gravité administratif + scolaire + équipements collectifs, au carrefour des routes desservant ces 3 ex-communes.

Le carrefour géographique et routier Entrepierres-Mézien-Vilhosc devient aussi ("naturellement") centre de gravité administratif + scolaire + équipements collectifs.

Le germe de cette centralité démarre bel et bien historiquement avec les fusions.

Si on accepte la fusion des 3 communes, alors la centralité en cours au carrefour Entrepierres-Mézien-Vilhosc est "dans le sens de l'histoire".
La contraposée de cela est que, si on refuse la centralité en cours au carrefour Entrepierres-Mézien-Vilhosc, alors en réalité, c'est bel et bien la fusion sous-jacente entre les communes et son application qui est (dans les faits) remise en cause.

3/ A plusieurs reprises, on fait comme si la centralité d'Entrepierres n'existait pas. (p10 PLU PADD)
Mais, Entrepierres n'est tout de même pas la seule commune de France résultant d'une fusion. Et toutes ces communes n'ont, elles aussi, pas de centre ?
La centralité d'Entrepierres n'est en effet pas idéale, pas très affirmée, et n'est pas achevée. Cela n'est pas une raison pour continuer à contrarier l'affirmation de cette centralité, au contraire !
La situation actuelle est déjà anormale, il est temps de cesser de la proroger. Le POS précédent était dilatoire sur cette question, on ne va tout de même pas encore rater un coche avec le PLU actuel !


Ce que dit le PLU (et la loi)

Page 138 PLU RP :
"Plus le nombre d'habitants est éloigné du centre et plus les conséquences sont négatives en terme de :
- consommation d'espace,
- consommation de ressources,
- augmentation des déplacements motorisés."

Bien sûr, ce n'est que du simple bon sens, ... qui devrait aller tout seul, sans besoin de le rappeler.

[Question à 1000€ (enfin non, bien plus !), les lignes ci-dessus seront elles caviardées dans le rapport définitif ?]

Le PLU est élaboré à l'intérieur du cadre législatif existant ... et des contraintes du relief communal. Le cadre législatif actuel inclut désormais la loi montagne + le Grenelle de l'environnement.

Cela n'était peut-être pas clair à l'initiation du projet, mais la loi montagne + le Grenelle de l'environnement s'opposent désormais à la construction excentrée.
Dans ces conditions, si on s'assigne des objectifs démographiques (pour se donner bonne conscience ?), il faut en tirer les conséquences ... ces objectifs devront principalement se réaliser au centre de la commune.
A contrario, si on ne veut pas d'extension au centre (pourquoi pas) ... alors il faut réviser nos objectifs démographiques.
Mais employer des acrobaties de vocabulaire pour faire semblant de tenir compte du cadre législatif, tout en se préparant à agir à l'opposé, a peu de chances de régler la question.


Centralité

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Dévoilons tout de suite le noeud de l'intrigue, c'est autour de la centralité gruyère (demi-centralité) que se joue, directement et puis par ricochet, une grosse part du projet actuel de PLU pour Entrepierres.

- Le mot centralité est probablement présent plus d'une centaine de fois dans les différents documents afférents au PLU. Le mot centralité a également été abondamment employé (par les experts techniques) lors des réunions publiques.
- La nocivité associée aux déplacements automobiles, les coûts de voirie, sont également rappelés à maintes reprises dans les documents.
- Les mots dense, densifié sont présents à chaque fois qu'il s'agit de qualifier l'habitat vers lequel il faudrait tendre, le consultant nous a parlé 100 fois des mauvaises "dents creuses" et du vilain mitage, incompatibles désormais avec la loi montagne + Grenelle et dont le PLU devait nous préserver.

C'est donc énoncer une évidence de dire que la plupart des spectateurs de la réunion du 23 mai 2012 s'attendaient à voir présenter un projet de PLU principalement centré, densément, sur le centre de gravité mairie+école+équipements collectifs. Sens de l'histoire, simplicité, bon gros bon sens, confiance ... mais, au final, naïveté !
Roulements de tambour, au lieu de cela, est sorti du chapeau un projet d'extension, bel et bien centré sur la mairie ... mais en forme de H ??!!

Il est difficile de regarder cette proposition de découpage sans la trouver plutôt biscornue, sans logique (enfin sans logique d'intérêt général), (pour ne pas dire franchement complètement incongrue). (Et pour ce qui est de la densité ! Un H, c'est 2 axes NORD-SUD parallèles, séparés par 2 magnifiques "dents creuses" / réservations au milieu.)

On ne va pas refaire ici l'apologie de la centralité, cette apologie est plutôt bien faite et plutôt bien argumentée dans les documents du PLU.
L'étonnement est donc d'autant plus grand de voir le projet actuel aller à rebrousse-poil d'une centralité réelle ... et, par contrecoup, se disperser ailleurs (en plusieurs éclats).

Le projet actuel de découpage en H autour de la mairie a pour effet de préserver les terrains agricoles immédiatement au NORD et au SUD de la mairie-école.
On peut bien sûr être sensible à l'argument du souci des surfaces agricoles à préserver, mais :

Situation et surfaces en jeu

Si l'on considère la surface entre les branches du H, cela représente environ 5 ou 6 hectares (répartis entre plusieurs propriétaires), c'est à dire moins de 1% des 861 ha de terres agricoles existantes. Ça n'est pas rien bien sûr, et ce sont des terres de qualité, mais c'est quand même à mettre en balance avec cette fameuse centralité de la commune vers laquelle nous sommes sensés tendre (et avec des objectifs démographiques que nous nous sommes nous-mêmes assignés !).
(Et des hectares agricoles qui deviennent constructibles ... ça c'est déjà produit dans ce secteur).

En se promenant dans les Alpes de Haute-provence, on peut s'amuser à compter combien de communes se retrouvent avec un centre-village mairie-école-équipements collectifs, inséré par 2 côtés au milieu de champs. La situation d'Entrepierres est plutôt rare ... pour ne pas dire unique.

Et pourtant. A qui doit servir l'école en priorité ? A qui doit servir le terrain de football en priorité ? A qui doit servir le terrain de boules en priorité ? A qui doit servir l'aire de pique-nique en priorité ? etc
Les betteraves sont certes un splendide légume, et une terre labourée, c'est réellement très beau ... mais cela n'interdit pas de se poser des questions de cohérence spatiale. Normalement, un PLU, c'est fait pour ça. La rationalité, l'économie, (le Grenelle), c'est d'essayer de rapprocher les gens et les lieux qu'ils fréquentent ... pas de les éloigner.

NB1: Petite précision importante suite à notre réunion du 1° juin 2012 en mairie d'Entrepierres. Un agriculteur présent, et exploitant sur ce secteur, nous a affirmé ne pas être opposé à un changement d'affectation de ces terres.

NB2: Transformer une (petite) zone agricole en zone constructible ce n'est (physiquement) pas difficile en soi. Le souci global (Grenelle) est cependant de maintenir (au moins) le total des terres agricoles tel qu'il est (voire l'augmenter). Si il y a perte de terres agricoles à un endroit, il faut veiller à le compenser ailleurs. C'est un souci 100% légitime.
Mais, la question des zones constructibles se pose tout à fait dans les mêmes termes. Si on refuse la constructibilité (nécessitée par la démographie) au centre-village ... alors il faut compenser ailleurs.

Dans les 2 cas, ce n'est pas facile mais personne ne peut croire que, sur la commune d'Entrepierres, il est réellement tellement plus facile et tellement moins coûteux de (re)positionner des emplacements de lotissements que de (ré)affecter des terres.

On a aussi parlé à plusieurs reprises de commerces. C'est bien les commerces ... mais il faut aussi des clients, une zone de chalandise. Un commerce avec un pas de porte qui donne sur les champs, c'est certainement très joli, mais un commerce avec un pas de porte qui donne sur des clients, c'est peut-être un peu plus lucide, pérenne et durable !


Scénario de construction prévu se réalise

Si le scénario de construction du H se réalise comme prévu ... les terres agricoles réservées dans les dents creuses du H vont se retrouver (forcément) de plus en plus enclavées, par 3 côtés, par des zones construites. La pression immobilière va inévitablement augmenter, avec les conséquences qu'on peut imaginer sur ces terrains. Ne nous voilons svp pas la face, dans le scénario prévu, l'exploitation de ces hectares de terre enclavés va devenir de plus en plus problématique ... et ils finiront bel et bien par se retrouver constructibles ... seulement un peu plus tard.
... Le découpage en H crée de facto une réserve foncière dans les dents creuses NORD et SUD du H. Réserve foncière dont on a du mal à voir comment elle s'inscrit ni dans les objectifs du PLU actuel, ni dans ses finalités ? (Pas vu d'arguments directs dans le document).

Solutions alternatives ... et loi montagne + Grenelle

Le point le plus crucial : si l'on refuse la centralité telle que pourtant prônée (assez logiquement) dans les documents préliminaires du PLU, et qu'on remplace une vraie centralité par une sorte de multi-centralité (quelle absurdité !) bancale ... alors il faut forcément caser (éclater) l'augmentation de l'habitat ailleurs.
Toute la population (familles jeunes avec enfants, les premiers visés par le PLU) qui ne trouvera pas place près de l'école (et des équipements collectifs), va mécaniquement se retrouver "décentralisée" (repoussée, "promenée") plus loin.
A rebrousse-poil total de ce qui est par exemple préconisé dans les objectifs du PLU quant aux transports, voirie, cheminements doux, etc.

En refusant un découpage cohérent au centre de la commune, on déplace et on éclate l'habitat plus loin. Aux antipodes du bon sens et des préconisations du Grenelle.

On ne parle pas de remplacer 5/6 hectares de terre agricole par un terrain de golf qui profiterait à quelques happy fews. On parle de permettre aux populations utilisatrices d'école + équipements collectifs de ne pas se retrouver éloignés de ces équipements par une route inadaptée.

Anticipation, Accompagnement ... ou Acrobaties

Enfin, du point de vue du développement organique, de sa cohérence, de son intégration, la centralité au carrefour Entrepierres-Mézien-Vilhosc est démarrée dans les faits. Le processus d'agrégation autour de la mairie-école est bien en route.
Est-ce qu'il vaut mieux accompagner et poursuivre cette dynamique, aider à sa cohérence spatiale, aider à une bonne continuité temporelle, ... ou tenter de contrarier cette dynamique "naturelle" ? (et sans arguments pour cela)
Sur le long terme, il s'agit d'un choix absolument pas neutre, et même lourd, au niveau des finances communales (voirie et autres).

Si on implante délibérément 17 familles avec enfants "sous Vilhosc" (Marguery), (Chiffres page 197 du PLU RP), loin de l'école et des équipements collectifs existants. Comment gère-t-on cet éloignement ?
Soit on ne fait rien, et c'est la voirie, le transport qui "résout" le problème. Ou alors on reconstruit / duplique les équipements collectifs ? On met en place une navette ?
Tout cela n'a pas de sens !

Nous sommes en 2012. Les temps où l'on avait les moyens d'empiler les absurdités en domino, chacune corrigeant les effets de la précédente (jusqu'à la racine), et de les financer par l'endettement sont derrière nous. Ça serait bien qu'on s'en rende compte.

NB: Le chiffre de 17 logements est dans l'hypothèse de parcelles de 1600m2. Il semblerait cependant que 1600m2 soient encore trop pour permettre la validation du PLU par la préfecture. (Le Grenelle suggère 500m2). Hypothèse : si le PLU final débouchait sur 800m2/logement, ce sont plus de 30 logements qui se retrouveraient "sous Vilhosc".
Cela revient concrètement à réaliser la plus grosse opération immobilière de la commune sur Vilhosc. En réalité, on amènerait le centre village d'Entrepierres (fusion d'Entrepierres-Mézien-Vilhosc) à Vilhosc qui est l'un des cul-de-sac de la commune. Va-t-on aussi rapatrier la mairie ? l'école ? les équipements collectifs ? Nous sommes dans un vaudeville ! Pourrait-on réatterir ?

Conclusions

Nous sommes face à un ensemble de contraintes / objectifs, simultanés. (Dont l'objectif de démographie, que nous nous auto-imposons).
On n'a peut être pas bien mesuré au départ que la satisfaction de toutes ces contraintes devient bien difficile, voire impossible.
Il va forcément falloir lâcher une contrainte ou l'autre, et uniquement une contrainte que nous maitrisons. Nous ne maitrisons pas la contrainte législative, nous ne pouvons donc pas y toucher. (Et faire semblant d'y satisfaire est une voie irresponsable et sans issue).

Le projet de découpage actuel autour de l'ensemble mairie-école-équipements collectifs semble posséder une logique propre, mais cette logique ne répond clairement pas à l'objectif majeur de centralité.

Il faut pourtant se rendre à l'évidence, qu'on accepte la centralité, ou qu'on la refuse, dans les 2 cas cela aura un coût et un impact, sur les populations, sur les finances communales, sur l'affectation des terres.
Et quel que soit le choix, ce serait plus sain de l'assumer ouvertement.
On est en droit de trouver que positionner de l'habitat de façon délibérément décentralisée par rapport à la mairie + école + équipements collectifs, à seule fin de pouvoir créer une dent creuse / réserve foncière (tout à fait temporaire) de quelques hectares, avec toutes les conséquences en terme de voirie et de transport ... c'est à la fois contraire à l'intérêt général et un prix bien trop élevé pour la collectivité.

(Et ce souhait de réservation ne semble même pas émaner du principal agriculteur concerné !).

Pour que le projet de PLU actuel soit cohérent, il faut soit complètement gommer l'objectif de centralité du PLU et le mot des documents, mais cela est impossible puisque la loi l'impose aujourd'hui. Ou alors il faut se résoudre à dessiner cette centralité sérieusement. Mais la solution actuelle avec une sorte de discours acrobatique et orwellien où plusieurs lotissements éparpillés sont qualifiés de "centralisés" est ridicule (et pas tenable).
On peut dans le document placer certaines des zones constructibles envisagées à Naux ou à Saint-Symphorien sans rien changer à l'argumentaire disant que ces implantations sont centrales dans ces hameaux (c'est un pléonasme). N'importe quelle maison, n'importe où, est centrée sur son centre. N'importe quel lotissement, n'importe où, est centré sur son centre (Merci à Raymond Devos). Il est ridicule de faire comme si c'est cette centralité après laquelle devrait courir le PLU.
S'il est bon d'éclater la centralité autour de l'ensemble mairie-école-équipements collectifs en 3 sous-centralités, si 3 sous-centralités sont mieux qu'une centralité, ... alors ne nous arrêtons pas en si bon chemin, créons 5 sous-centralités, des lotissements dans tous les culs-de-sac et hameaux du ban communal, à Naux, à Saint-Symphorien, ça nous ferait plein de petites centralités, bien dans l'esprit de la loi montagne, du Grenelle et du bon sens !

En lisant les documents, il est d'ailleurs criant que la proposition actuelle n'émerge pas du tout de l'analyse et des objectifs préliminaires, puisqu'elle les prend complètement à revers.
C'est l'inverse qui est visiblement à l'oeuvre. Une proposition (découpage en H) s'est construite en dehors des objectifs du PLU; On doit ensuite s'évertuer à élaborer des zones UB ailleurs, plus loin, pour compenser les dents creuses / réservations, et à habiller ça comme on peut pour tenter de le rendre présentable.
... que d'acrobaties nous coûte ce refus d'attaquer frontalement la question de la centralité !

On comprend mieux pourquoi aucune réunion de quartier n'a eu lieu et pourquoi il a fallu attendre la toute dernière extrémité pour voir ce projet enfin dévoilé.

Il ne faut cependant pas se faire d'illusions, le projet actuel est en désaccord frontal et patent avec la loi montagne, avec le Grenelle, avec plusieurs documents publics de la municipalité, avec les objectifs du PLU lui-même, avec l'intérêt général, et avec le simple bon sens. C'est beaucoup trop !
Dans ces conditions, les chances qu'un projet pareil soit avalisé in fine sont nulles.
Il faudrait en effet que tout le monde accepte de fermer les yeux ou de regarder ailleurs. ... mais cela ne se produira pas. Ce qu'on essaye de faire passer là est trop gros.


On est donc actuellement dans une situation où l'on a déjà perdu du temps, et de l'argent (cabinet technique employé à rendre présentable une absurdité plutôt qu'à élaborer un projet sérieux).
"Errare humanum est, perseverare diabolicum". Il n'y a aucune utilité à tenter de persévérer dans les rails actuels, et à faire comme si la loi montagne n'existait pas, sauf à retarder un sort inéluctable (donc perdre du temps) et à continuer à dépenser des sous pour rien.
Dans l'intérêt général, dans l'intérêt de la commune, on peut espérer que les conseillers municipaux auront le courage le 22 juin d'arrêter les frais, et de relancer l'élaboration du PLU sur des bases saines.

La loi montagne + Grenelle s'opposent à la construction excentrée. Si l'on ne veut pas réaliser l'augmentation démographique (que nous avons nous-mêmes fixés) au centre de la commune ... alors il faut en tirer les conséquences, et revoir nos objectifs démographiques.

La solution expéditive traditionnelle qui consiste à dire "on a un problème ... il n'y a qu'à s'en débarrasser dans un cul-de-sac de la commune" présente un avantage de simplicité indéniable. C'est vraiment bien le seul et il ne faut pas trop y compter aujourd'hui.


Problématique zonage & trafic routier

Réponse aux objectifs ?

La loi montagne (ou le Grenelle ?) mentionne parmi les objectifs d'un PLU une rationalisation des déplacements automobiles. (Voir pages 49, 154, 160, 165 du PLU RP).
ce que dit le PLU .

Les axes routiers de la commune d'Entrepierres forment (topologiquement) un Y dont le pied est en bordure de Sisteron et le centre est la mairie-école d'Entrepierres. La branche gauche du Y dessert Entrepierres et au-delà. La branche droite du Y dessert Vilhosc.
Alors que le document liste copieusement toutes les nuisances induites par la circulation automobile, et contient aussi des statistiques indiquant que le bassin d'emploi principal (de loin) est à Sisteron, on peut s'interroger sur la pertinence et la cohérence d'une réponse qui balade et rejette une grosse part de l'augmentation de population à l'extrémité du Y coté Vilhosc, au fin fonds des dernières habitations actuelles (?). Le plus loin possible de la mairie, de l'école et des équipements collectifs.
(63% des actifs d'Entrepierres travaillent en dehors de la commune - page 33 PLU RP)
(NB: il n'y a plus de maison habitée après le col de Vilhosc, hormis la maison forestière ONF).

Etroitesse et unicité des routes d'accès

L'étroitesse des routes vers Entrepierres et Vilhosc, avec plusieurs petits ponts (il y a quand même 3 ponts sur la route de Vilhosc) où l'on ne peut pas se croiser, deviendrait aussi un vrai problème.
Dans les 2 cas, il s'agit aussi de routes uniques sans autre trajet. Toute la circulation passe donc par là (pas de partage possible).

Sortie directe des habitations existantes ?

Quid (sortie des véhicules, enfants) de la demi-douzaine d'habitations (dont certaines très récentes) qui débouchent actuellement directement sur l'étroite (et unique) route de Vilhosc ?

[On ne peut s'empêcher aussi de noter que, en matière de prévision et gestion de l'espace, on navigue quand même pas mal en zigzag. En effet, pour toutes les habitations le long de la route de Vilhosc, y compris les dernières toutes récentes (familles jeunes + enfants) les accès directs sur la RD ont tous été entérinés (et donc construits) notamment en vertu d'un trafic estimé et anticipé faible.

... les crépis ne sont pas encore secs qu'on mettrait en place les conditions d'un lotissement de 20 maisons en amont et la circulation qui va avec (sur une route d'accès unique, en impasse). Où est la cohérence, où est le prévisionnel ? ].

Circulation des engins agricoles

Enfin, sur toute sa longueur, la route de Vilhosc dessert des terres agricoles (souvent sans autres accès). Le hameau est actuellement faiblement peuplé et la cohabitation véhicules légers / véhicules lourds se passe plutôt bien, "civilement".
Si le nombre d'habitations permanentes double ou triple ... la circulation va aussi doubler ou tripler. La circulation des engins agricoles (dont le format ne maigrit jamais !) ne serait évidemment pas facilitée.

Coûts

Coûts financiers communaux

Les coûts d'entretien de cette voirie sont aussi un gros motif d'interrogation. (Entrepierres est en effet une commune très étendue (> 4800 hectares), et les coûts d'entretien de la voirie sont l'un des principaux postes de dépenses de la commune, et cela, chaque année).
(On peut consulter les compte-rendus de conseil municipaux. Il n'y a quasiment pas un seul conseil où la voirie et les factures associées ne sont évoquées).
En augmentant la fréquentation de ces routes, leur usure sera mécaniquement augmentée et les coûts d'entretien devront aussi s'adapter à cela. Et il faudra vraisemblablement à terme élargir/supprimer les points délicats.

Là aussi, en permettant la création d'un lotissement à plus d' 1 kilomètre de la route principale, de l'école, des équipements collectifs, connecté par une route actuellement inadaptée (et unique), on se met à terme en situation de devoir réadapter complètement cette petite route sur toute sa longueur. (ça fait cher l'hectare de terrain réservé.)

Etant donné l'état de nos finances actuel et prévisionnel (les subventions, d'où qu'elles viennent, sont en effet plutôt en diminution qu'en augmentation. De gros projets communaux ont dû être annulés.) , ce type de choix d'implantation est-il vraiment judicieux ??

On nous a évoqué, plusieurs fois, les coûts importants de l'assainissement pour tenter de justifier certains choix. Très bien. Mais enfin, la voirie ne coûte rien ?
Quand il y aura eu suffisamment d'accrochages sur la petite route de Vilhosc (en croisant les doigts !), quand il faudra se résoudre à élargir les ponts, la route, à refaire l'enrobé ... les entrepreneurs vont réaliser cela gratuitement ?

Coûts sécurité/accidents = Chronique d'une accidentologie annoncée

La route de Vilhosc est une route ancienne, étroite, sinueuse, qui dessert un axe secondaire de la commune. Son tracé et ses dimensions sont peu compatibles ni avec un trafic important ni avec la vitesse des véhicules actuels.
En l'état actuel de la route de Vilhosc, doubler ou tripler le trafic, créer une cohabitation entre les voitures, les engins agricoles et les enfants qui accéderont aux équipements collectifs et à l'école, c'est assez irresponsable puisque rien n'oblige à une pareille absurdité et qu'il y a toute la place pour loger la population à meilleure proximité de ces équipements.
Un PLU doit tenter d'améliorer la sécurité des habitants, pas la réduire inconsidérément (et délibérément).

Si par malheur ce non-projet de PLU se réalisait, on créerait de toutes pièces un trajet tout à fait accidentogène. Et cela 1/ pour des motifs peu clairs jusqu'à présent, et 2/ alors qu'on peut parfaitement faire autrement. Le jour où le risque se matérialisera, on espère que ceux qui auront élaboré et adopté cette bêtise montreront le même sens des responsabilités en en assumant les conséquences.

Coûts individuels

Le Grenelle mentionne bien ce souci. En éloignant la population à plus d'1 km des équipements publics au lieu de lui permettre de s'installer tout près, on pousse évidemment aux déplacements motorisés. Individuellement, et collectivement, quel est l'intérêt (à part pour les marchands de carburant) ?



Projeter (délibérément) une implantation de population dans un des culs-de sac de la commune, c'est forcément rallonger les déplacements automobiles afférents. A 180° de ce qui est demandé par la loi montagne.

Comment intervient la loi montagne dans l'élaboration de ce PLU ? Est-ce qu'on pique à la carte dans les objectifs, en en favorisant certains et en en oubliant d'autres ?
La problématique des déplacements automobiles est importante sur une commune étendue comme Entrepierres, cette problématique touche les gens quotidiennement (2 allers-retour/jour/habitant est chose courante) ... et pourtant les zones UB et UA prévues à Vilhosc ignorent complètement cette problématique.

(Pour pas mal de points du projet, il y a d'ailleurs une réflexion quant aux conséquences qui est totalement absente/occultée).
"Dieu se rit des hommes qui pleurent les effets dont ils chérissent les causes" - Bossuet
Ecoutons Bossuet, et ne fabriquons pas de toutes pièces aujourd'hui les causes qui feront pleurer demain.


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