L'affouage à Entrepierres

L'affouage à Entrepierres

La chaleur par le bois
Affouage 2004
 Règlement
 Emplacement
Histoire de la forêt d'Entrepierres: quelques éléments
L'affouage : quelques données
Exploitation pérenne ... ou pas
Affouage : les à cotés
Couper du bois
 Sécurité
 Conseils techniques (liens)
Bibliographie, liens


La chaleur par le bois

En théorie, 1 kWh peut être obtenu avec :
0,1030 litre de fioul domestique,
0,0703 kg de gaz de pétrole liquéfié (butane ou propane),
0,1300 kg de charbon,
0,2000 kg de bois,
0,00003 kg d'uranium

La densité du bois est de 500 kg / stère.
On a donc l'équivalence (approximative) 1 stère = 500 kg de bois = 250 litres de fioul.
En pratique, la chaleur extraite dépend du rendement de l'appareil et de la qualité de l'installation.

En moyenne, on s'efforce à Entrepierres, lors du tracé des lots, de faire en sorte que chaque affouagiste puisse tirer environ 15 stères de chaque lot. Cette moyenne peut-être très variable. Il suffit de participer concrètement au traçage des lots (généralement effectué en été, alors que les arbres ont encore toutes leurs feuilles) pour comprendre pourquoi.
L'affouage 2004 a réuni 14 affouagistes. Chaque affouagiste extrait environ 15 stères.
Quantité totale de bois extraite : 210 stères.

... Et 210 stères = 52500 litres de fioul.

En une année, la pratique de l'affouage permet donc, sur la commune d'Entrepierres, d'économiser l'importation de 50.000 litres de fioul ... énergie non-renouvelable ... qu'il faut encore transporter ... puis raffiner,
en la remplaçant par son équivalent d'énergie renouvelable, utilisable telle quelle et locale: le bois de nos forêts.
Une goutte d'eau dans la mer certes, mais telle est, concrètement, la modeste contribution d'Entrepierres à une gestion plus pérenne des ressources énergétiques.

Affouage 2004

Tracé des coupes samedi 28 août 2004.
Rappel du règlement :
Art.3: Les affouagistes sont tenus d'être présents lors du traçage des lots.

Pour plus d'infos, contactez la mairie ou les garants.
En cas d'absence, faites-vous représenter par un autre affouagiste.

14 affouagistes inscrits à l'affouage 2004.

Règlement 2004



Emplacement(s)


Extrait de carte copyright IGN.
Polygone rouge : emplacement affouage 2004/2005 (approximativement !).
Polygone vert : emplacement affouage 2002/2003 (approximativement !).
Polygone bleu : emplacement affouage 2000/2001 (approximativement !).

Histoire de la forêt d'Entrepierres: quelques éléments

Citons ici le "roman d'Entrepierres" de P. Nucho, pages 49 et 50.

" L'ACTIVITE ECONOMIQUE
...
 L'élevage caprin cause des ravages énormes dans les bois dont l'importance est vitale pour le chauffage et la construction.
 Plusieurs ordonnances interdisant la divagation des chèvres sur le défens de Vilhosc et de Saint Symphorien restent sans effet. Aussi, sur ces deux territoires, la forêt est à l'époque quasi inexistante. La politique des consuls d'Entrepierres à cet égard est assez différente.
 Suivant l'avis du conseil des communautés de Provence de 1688 et sur l'intervention de Joseph de Leydet, principal conseiller forain d'Entrepierres, ils interdisent la divagation des chèvres, boucs et menous sur tout le territoire sous peine de 20 sous par animal.
 Joseph de Leydet dresse à cette occasion un tableau intéressant d'Entrepierres: "Autrefois, les montagnes et même les terres labourables étaient couvertes de chênes blancs comme l'attestent les ainés. Ce qui se connaît par les poutres, par les travets et les querts de toutes les maisons, granges et écuries qui sont faites en chêne blanc du crû. Malheureusement la qualité des petits chênes qui naissent sont broutés par les chèvres ou détruits par les facultés que les communautés voisines de Vilhosc, Salignac ont de vieilles transactions de paturage, glandage et bosqueirage sur Entrepierres. Pourtant ces bois pourraient être d'une extrème utilité pour le service de la marine du Roi, le terroir d'Entrepierres allant aboutir sur les bords de la Durance, rivière navigable. Mais la plupart des bois de hautes futaies ont péri et il arrive, aujourd'hui, que l'on manque de bois dans ce lieu, non seulement pour y faire des fours à chaux et des tuiles pour l'usage des habitants mais même pour les fours à cuire le pain et pour le chauffage ordinaire. Les montagnes sont dépouillées de toutes sortes de bois. La terre, continuellement emportée par les pluies, est dépourvue de pâturage. Les seigneurs d'Entrepierres, ayant craint avec raison qu'un jour cette terre ne devint inhabitable faute de bois, ont toujours fait faire des défens dans les criées annuelles comme il a été fait depuis longtemps à Sisteron et à Salignac".
 Dans ces conditions on comprend l'enjeu du bois dans l'économie rurale et l'attachement que les habitants de Vilhosc et Salignac portent aux droits qui leur sont octroyés sur la montagne de Briasc.
 Le déboisement à des effets déplorables sur les terres, lors de l'affouagement de Vilhosc en 1698, on apprend que "tout un quartier a été converti en de gros vallons, ravines et ruines qui sont épouvantables à voir, n'ayant pas seulement une plante d'herbe pour pouvoir donner quelque nourriture au bétail menu".
..."

Voir aussi, dans le même ouvrage, le chapitre "UN PROCES QUI DURA 300 ANS".
Enjeu de ce procès les bois de la colline de Briasc. 300 ans ... c'est dire l'importance du bois à l'époque !

Voir aussi, page 95:

Au premier abord, on pourrait penser que cette carte est incomplète. Mais il n'en rien, comme le montre cette carte postale ancienne du pont de la reine Jeanne et de ses environs, à l'époque c'était vraiment la lune !


EVOLUTION DE LA SURFACE DE FORET DE 1825 A 1970 EN HECTARES
COMMUNES        1825-1835    1913    1970
ENTREPIERRES       369 HA     -     780 HA
VILHOSC            161 HA   401 HA  420 HA
St SYMPHORIEN      314 HA     -     495 HA

L'affouage : quelques données

Affouage 2000 (données source ONF)

Affouagistes : 16
Coupe : coupe de taillis simple
Surface : 3,50 ha
34 arbres, 2315 perches et brins et du taillis agé de 50 ans.
On a même un tableau par diamètres et essences:
total essence    10  15  20  25  30  35  40  45  50  55  60
 1784 chêne p  1370 318  80  13   3
  517 hêtre         367 122  12   9   3   2   1           1
   48 aut. feu       39   7   2
Dans les "autres essences" on trouvait, entre autres, des sapins et des érables.

Exploitation pérenne ... ou pas

Il est évident (ou cela devrait l'être) que les chiffres du tableau ci-dessus, plutôt "bons", peuvent être modifiés en l'espace d'une seule génération. En ne prélevant ainsi que les essences intéressantes (ou du moins jugées comme telles) et en laissant prospérer les essences considérées de moindre intérêt immédiat, on transforme ainsi en moins de 10 ans une parcelle à 90% de chêne en une parcelle à 90% de sapin. De l'art de se servir sans songer aux suivants !
De l'art de sacrifier le long-terme global à l'intérêt particulier immédiat.
Pourtant, qu'est ce que cela peut bien faire de brûler quelques buches de sapin dans sa cheminée quand on a la chance d'avoir plus de 90% de chênes ou de fayards !

Les exemples où l'on a ainsi transformé 10% de sapins résiduels non coupés, en moins de 5 ans, en 90% d'une parcelle, existent hélas !
Et cela peut se voir de manière assez spectaculaire sur des parcelles contigues comme l'illustre la photo ci-dessous prise en juillet 2004.

En-dessous du trait bleu, l'affouage 1996 réalisé par les affouagistes privés, ie non-professionnels.
Au-dessus du trait bleu, l'affouage 1998 réalisé par un "professionnel".
Avant l'affouage, on ne voyait que du chêne sur cette parcelle !
A défaut d'avoir élucidé le mystère de la pierre philosophale, on a du moins découvert comment, en moins de 10 ans, transformer le chêne en sapin.
Avec un travail vraiment très minime: couper les sapins, laisser quelques chênes, on aurait pourtant pu éviter cela.

Heureusement, le règlement 2004, notamment l'article 12, intègre dorénavant le souci d'une gestion pérenne de notre forêt.
Article 12: Chaque affouagiste est tenu de remettre en valeur le sous bois, notamment protéger les jeunes chênes et hêtres et de supprimer tout résineux.
Aux affouagistes d'appliquer ce règlement de bon sens. (La plupart, mais pas tous hélas, le faisaient et le font d'ailleurs déjà.) Ils en seront les premiers bénéficiaires s'ils comptent, eux ou leurs enfants, encore couper du bois dans quelques années.
Tout ceci, sans aborder la question de l'inconséquence à transformer ainsi des parcelles faiblement combustibles en parcelles hautement combustibles. La commune d'Entrepierres n'est en effet hélas pas plus qu'une autre à l'abri des feux de forêts comme l'a montré l'incendie du massif de la Baume en 2001.

Sécurité

Conseils techniques (liens)

http://www.mr-bricolage.fr/fiches_magazines/Mb37-09.htm

Bibliographie, liens

Le nouvel observateur, n°1788, "Forêts: sans charmes ni hêtres"

LA FORÊT ET LE DROIT - Jacques LIAGRE, ONF

Le site de l'ONF

La page d'accueil du RTM (Restauration des Terrains de Montagne)
Le RTM a travaillé sur Entrepierres dans les années 1880 : vallée du Vançon, Vilhosc, etc.

L'affouage au XXI° siècle, Jean Casorati, revue arborescence n°11, 1987

Economie non marchande et lien social. L'affouage en Ardenne
A. Fortier In : Cahiers d'Economie et Sociologie Rurales, n° 23, 2e trimestre 1992, pp 87-108
Résumé : Activité marginale certes, l'affouage n'en constitue pas moins un exemple parmi d'autres de pratique économique dont la logique se situe en marge du mode de production dominant. Une enquête ethnographique réalisée en Ardenne, en 1984, puis en 1986 et 1987, a permis de constater la recrudescence de ce droit d'usage en liaison avec le double choc pétrolier des années 1970, et la crise dont est victime, dans le même temps, l'industrie métallurgique locale. Si la conjonction de ces phénomènes tend à faire prévaloir le caractère économique de cette activité, l'observation ethnographique conduit à relativiser cette interprétation. Fondé sur l'échange, l'entraide, la production de valeurs d'usage, l'affouage apparaît comme une activité non marchande qui permet la réactivation de liens sociaux, de solidarités familiales que l'on croyait à jamais disparus. De la même façon, il induit des changements dans les attitudes à l'égard du travail. L'insertion accrue dans la ruralité, la tendance au repli sur des formes de vie partiellement pré-industrielles, conduit les locaux à repenser leur rapport à l'activité professionnelle et à remettre en cause l'opposition travail/loisir couramment admise.
Mots-clés : économie non marchande, affouage, valeur d'usage, entraide, dons/contre-dons, travail/loisirs, Ardenne.

La forêt d'Entrepierres ... et sa combustibilité


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